14 mai 2009
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22:23
Cela me titillait depuis quelques temps: ecrire un article sur les coulisses de mon expérience viti-vinicole en Uruguay, dans le domaine Casa Filgueira. Tout n'y a pas été rose, et j'y ai aussi beaucoup appris de ce côte là.
Le temps du premier bilan est arrivé.
Mais d'abord les points positifs, les plus importants au final, ceux qui resteront gravés dans ma mémoire et qui feront partis de ma vie.
L'expérience humaine tout d'abord. L'Uruguay est un pays fantastique, les uruguyens sont incroyables. J'y ai donc connu des gens formidables. Sur le plan humain, et pour certains d'entre eux sur le plan professionnel. Au cours de nos longues heures de travail, de nuit notamment, j'ai appris a connaître Diego, Jose, et Marcelo, chacun avec sa personalite, et nous formions une équipe soudée et finalement trés efficace. Des liens indéfectibles se sont tissés, nous resterons en contact, et je suis sûr que je retournerai par là bas !
L'expérience professionnelle. J'ai vécu une vinification de tannat, cabernet, merlot, cépages casi inconnus de nos chères Côtes du Rhône. Une approche différente aussi de la conduite de la FA et de l'extraction surtout. Un travail un peu plus "bourrin", finalement pas si rédibitoire à cause des relatifs hauts rendements. Enfin, beaucoup de choses sont à améliorer, c'est certain, le potentiel pour faire meilleur est réel, maintenant reste a convaincre le chef.... mais cela est une autre histoire.
Venons en à cette fameuse face B !!
Uruguay, vins du nouveau monde, les coulisses restent finalement assez mystérieuses pour nous, vu d'ici.
Dur d'en faire une synthèse finale. Mais bon, je vais essayer de faire ressortir quelques impressions, liées bien sûr à la bodega dans laquelle j'ai travaillé.
Première constatation, une exploitation féroce, une hiérarchie terrible, une injustice criante. On est loin du modéle assez familial de la grande majorité des caves françaises. Ici la bodega est avant tout une entreprise. D'ailleurs on y parle, on raisonne bien souvent plus en terme de marketing, marges, frais, qu'en termes de qualité de vin, expression, strucutre, finesse. Mais me direz-vous, il faut bien vivre de cette production de vin ? certes, certes, c'est surement un autre débat !
En tous cas, la différence de mentalité est frappante.
Une exploitation féroce donc. A titre d'exemple, ici les contrats sont de 46h par semaine, à un taux horaire de 1,15-1,30 euros pour un travail de caviste (on dépasse alors tout juste les 200 euros par mois, impossible pour survivre, même en Uruguay). Dans le même temps, un oenologue, ou un commercial peut atteindre les 2500 euros par mois.... Une différence énorme basée sur le modéle libéral et qui est censée motiver les gens pour se perfectionner et accéder ainsi au poste supérieur au leur.... ce qui n'arrive forcément jamais !
Une exploitation féroce associée ici dans cette bodega (mais cela semble assez général) à une "répression" anti-syndicale réelle.
Voilà un thème assez intéressant. Depuis l'arrivée de Tabare Vasquez au gouvernement (Frente Amplio, regroupant des partis de gauche jusqu'au centre), des libertés syndicales ont été obtenues. Les travailleurs du secteur "boisson" se sont donc organisés en un syndicat et ils ont fait gève l'année dernière pendant les vendanges pour obtenir des revendications demandées de longue date. La bodega a eu recours aux commerciaux et personnel administratif pour élaborer le vin 08 et la grève a échoué. Depuis, les syndiqués sont maintenus au plus bas de l'échelle.... dure réalité... Il faut dire aussi qu'en Uruguay, le secteur viticole est aux mains de vieilles familles, souvent d'origine espagnole, et pour la grande majorité trés rétrogrades.
Autre point "amusant": le contrat de travail. Des plus précaires, je pense que je l'encadrerai un jour ! Le salarié ne dispose d'aucun droit, en signant, il renonce même à toute action juridique postérieure !
Enfin, plus spécifiquement à la Casa Filgueira et son chef, une connaissance oenologique limitée, ou plutôt controversée, qui se répercute forcément sur la qualité des vins (même s'ils font partis des meilleurs d'Uruguay). Comment peut-on laisser des cuves en vidange si longtemps, comment peut-on laisser mettre en fût pour la malo un vin ayant déjà 0,6 d'acidité volatile ? et beaucoup d'autres détails qui font que la qualité n'est pas optimisée.
La faute de tout cela: peut etre la hiérarchie absolue et une mauvaise organisation et gestion du personnel ?
Le point positif à tout cela: une équipe de caviste exceptionnelle, et des vins qui font malgré tout partis des meilleur du pays. Reste à changer un peu la direction !!
Enfin, je sais déjà qu'au final ne resteront que les souvenirs merveilleux de ces deux mois passés dans ce pays et dans cette cave. Ces asados, ces soirées, ces virées en Toyota Corolla, et tous ces petits moments de tranquilité passés dans ce petit pays peu connu, mais qui mérite de l'être !
Alors si je vous ai donné l'envie d'y aller, surtout n'hésitez pas !!
Allez bientôt je vous raconte mon retour, et l'état du petit vignoble de Derrière le château !!
Hasta pronto !
Le temps du premier bilan est arrivé.
Mais d'abord les points positifs, les plus importants au final, ceux qui resteront gravés dans ma mémoire et qui feront partis de ma vie.
L'expérience humaine tout d'abord. L'Uruguay est un pays fantastique, les uruguyens sont incroyables. J'y ai donc connu des gens formidables. Sur le plan humain, et pour certains d'entre eux sur le plan professionnel. Au cours de nos longues heures de travail, de nuit notamment, j'ai appris a connaître Diego, Jose, et Marcelo, chacun avec sa personalite, et nous formions une équipe soudée et finalement trés efficace. Des liens indéfectibles se sont tissés, nous resterons en contact, et je suis sûr que je retournerai par là bas !
L'expérience professionnelle. J'ai vécu une vinification de tannat, cabernet, merlot, cépages casi inconnus de nos chères Côtes du Rhône. Une approche différente aussi de la conduite de la FA et de l'extraction surtout. Un travail un peu plus "bourrin", finalement pas si rédibitoire à cause des relatifs hauts rendements. Enfin, beaucoup de choses sont à améliorer, c'est certain, le potentiel pour faire meilleur est réel, maintenant reste a convaincre le chef.... mais cela est une autre histoire.
Venons en à cette fameuse face B !!
Uruguay, vins du nouveau monde, les coulisses restent finalement assez mystérieuses pour nous, vu d'ici.
Dur d'en faire une synthèse finale. Mais bon, je vais essayer de faire ressortir quelques impressions, liées bien sûr à la bodega dans laquelle j'ai travaillé.
Première constatation, une exploitation féroce, une hiérarchie terrible, une injustice criante. On est loin du modéle assez familial de la grande majorité des caves françaises. Ici la bodega est avant tout une entreprise. D'ailleurs on y parle, on raisonne bien souvent plus en terme de marketing, marges, frais, qu'en termes de qualité de vin, expression, strucutre, finesse. Mais me direz-vous, il faut bien vivre de cette production de vin ? certes, certes, c'est surement un autre débat !
En tous cas, la différence de mentalité est frappante.
Une exploitation féroce donc. A titre d'exemple, ici les contrats sont de 46h par semaine, à un taux horaire de 1,15-1,30 euros pour un travail de caviste (on dépasse alors tout juste les 200 euros par mois, impossible pour survivre, même en Uruguay). Dans le même temps, un oenologue, ou un commercial peut atteindre les 2500 euros par mois.... Une différence énorme basée sur le modéle libéral et qui est censée motiver les gens pour se perfectionner et accéder ainsi au poste supérieur au leur.... ce qui n'arrive forcément jamais !
Une exploitation féroce associée ici dans cette bodega (mais cela semble assez général) à une "répression" anti-syndicale réelle.
Voilà un thème assez intéressant. Depuis l'arrivée de Tabare Vasquez au gouvernement (Frente Amplio, regroupant des partis de gauche jusqu'au centre), des libertés syndicales ont été obtenues. Les travailleurs du secteur "boisson" se sont donc organisés en un syndicat et ils ont fait gève l'année dernière pendant les vendanges pour obtenir des revendications demandées de longue date. La bodega a eu recours aux commerciaux et personnel administratif pour élaborer le vin 08 et la grève a échoué. Depuis, les syndiqués sont maintenus au plus bas de l'échelle.... dure réalité... Il faut dire aussi qu'en Uruguay, le secteur viticole est aux mains de vieilles familles, souvent d'origine espagnole, et pour la grande majorité trés rétrogrades.
Autre point "amusant": le contrat de travail. Des plus précaires, je pense que je l'encadrerai un jour ! Le salarié ne dispose d'aucun droit, en signant, il renonce même à toute action juridique postérieure !
Enfin, plus spécifiquement à la Casa Filgueira et son chef, une connaissance oenologique limitée, ou plutôt controversée, qui se répercute forcément sur la qualité des vins (même s'ils font partis des meilleurs d'Uruguay). Comment peut-on laisser des cuves en vidange si longtemps, comment peut-on laisser mettre en fût pour la malo un vin ayant déjà 0,6 d'acidité volatile ? et beaucoup d'autres détails qui font que la qualité n'est pas optimisée.
La faute de tout cela: peut etre la hiérarchie absolue et une mauvaise organisation et gestion du personnel ?
Le point positif à tout cela: une équipe de caviste exceptionnelle, et des vins qui font malgré tout partis des meilleur du pays. Reste à changer un peu la direction !!
Enfin, je sais déjà qu'au final ne resteront que les souvenirs merveilleux de ces deux mois passés dans ce pays et dans cette cave. Ces asados, ces soirées, ces virées en Toyota Corolla, et tous ces petits moments de tranquilité passés dans ce petit pays peu connu, mais qui mérite de l'être !
Alors si je vous ai donné l'envie d'y aller, surtout n'hésitez pas !!
Allez bientôt je vous raconte mon retour, et l'état du petit vignoble de Derrière le château !!
Hasta pronto !